Voyage entre deux mondes 

En 1851, au large de Cowes, une légende est née : l’America’s Cup, la plus ancienne compétition sportive internationale. Depuis ce jour d’été où un voilier américain triompha de la flotte britannique, la petite ville de l’île de Wight s’est inscrite au cœur de l’histoire maritime. Berceau de la régate anglaise, Cowes vit depuis au rythme du vent et des marées. Son nom évoque la maîtrise du geste, la beauté du mouvement. Chaque été, les voiles se lèvent sur le Solent, et le Trophée Louis Vuitton, symbole de l’élite nautique, y a souvent trouvé son décor. Dans ses clubs perdure l’élégance discrète des grandes heures de la marine britannique. Et, au large, les falaises de The Needles veillent, immobiles, sur une ville où règnent la tradition et le goût de la liberté.

Torquay ne ressemble à aucune autre ville anglaise. Sur la côte du Devon, cette station balnéaire de la Riviera anglaise déjoue les attentes : la mer y a des reflets méditerranéens, les palmiers se balancent sous un vent tiède et la lumière dorée effleure les falaises. Sous ce climat, l’Angleterre semble s’être accordé une parenthèse de douceur. Mais sous cette quiétude affleure un autre charme : celui du mystère. Torquay est la ville natale d’Agatha Christie, et son empreinte s’y devine partout. Une façade victorienne, une jetée, un jardin apparaissent comme autant d’indices d’une dernière intrigue. Un parcours de Greenway House jusqu’à l’Imperial Hotel  prolonge une histoire où flotte encore l’ombre de l’écrivaine… 

Ceinte de remparts de granit, Saint-Malo défie l’océan depuis le 12e siècle. La cité fortifiée doit sa renommée aux corsaires du roi, qui rapportaient des Indes épices et richesses, et ont bâti ces élégantes malouinières ponctuant la campagne alentour. Les grandes marées ont sculpté son paysage, découvrant et recouvrant le chemin vers le Fort National. Sur l’îlot du Grand Bé, Chateaubriand repose selon son vœu : debout, face aux eaux changeantes de la Côte d’Émeraude qu’il chérissait, tandis qu’au loin se profile le Mont-Saint-Michel. Ici, la gastronomie est iodée. À Cancale, on se régale de poissons et d’huîtres plates sublimées par le maître des épices, Olivier Roellinger. Ville forteresse, Saint-Malo se targue de ne jamais avoir été conquise.

Ses ruelles et leurs maisons à colombages, les nuances infinies de sa lumière, ses atmosphères changeantes… Surnommée cité des peintres, berceau de l’impressionnisme, en arrivant à Honfleur, on comprend pourquoi le petit port normand fut si inspirant. Enfant du pays, Eugène Boudin, le « roi des ciels », passa sa vie à peindre celui de sa ville, immortalisant scènes de plage et levers de soleil. Corot, Courbet, Dufy, Monet…, ils ont été nombreux à séjourner à la Ferme Saint-Siméon où, posant leurs chevalets, ils trouvaient là un havre de création, en même temps que le gîte et le couvert contre une toile. Le temps a changé, certes, mais quand les mouettes traversent son ciel, Honfleur s’offre toujours aux regards comme un tableau. 

Ville royale et rebelle, Londres mêle le faste de Westminster à la démesure du Shard, la sérénité du parc de Kensington à l’effervescence de Soho. Éclectique, on l’aime pour tout : ses traditions et son avant-gardisme, ses musées et ses clubs, ses salons de thé comme ses pubs, emblématiques de l’art de vivre britannique. Artistes, écrivains, musiciens, souverains ou anonymes, tous trouvent dans ses rues une scène à leur mesure. Insaisissable et souveraine, elle est cette ville qui n’appartient à personne et qui ne cesse de s’inventer et se réinventer sans ne jamais se trahir. Passe le temps, les modes, les reines et les rois : Londres demeure, capitale du style et de l’esprit british.