10 photos pour revivre le mythe Orient-Express
Exclusif / Emotion
Publié aux éditions Textuel, l’ouvrage « Orient-Express & Co, » co-écrit par l’historien Arthur Mettetal et la curatrice d’expositions Eva Gravayat dévoile les archives photographiques inédites des trains Orient-Express.
Une exploration dans l’histoire industrielle et sociale d’une légende.
1. Dans les coulisses
Dès sa création en 1876, la CIWL développe une stratégie commerciale s’appuyant sur un réseau d’agences propres, établies pour permettre aux voyageurs d’acheter et de réserver des places dans ses voitures. Les années 20 sont marquées par leur transformation en agences de voyage modernes, où les clients peuvent trouver toutes les informations nécessaires à la planification de leur voyage : horaires des différents moyens de transport, guides et tickets pour les sites archéologiques ou culturels, tarifs des hôtels ou encore de l’enlèvement des bagages à domicile. En 1883, la CWIL compte 24 agences. Elle absorbera 45 ans plus tard Thomas Cook & Son pour former le plus grand réseau mondial d’agences avec 628 relais à travers le monde.
Photographie ci-contre : 1900, en Belgique, une photographie rare d’une agence de voyage et de son directeur d’agent posant pour la postérité.
2. Têtes d’affiches
Entre 1883 et 1977, la CIWL assure plusieurs liaisons vers l’Orient, aux itinéraires et aux temps de parcours différents. Les trains Orient-Express (1883), Simplon-Orient-Express (1919) et Arlberg-Orient-Express (1932) constituent un véritable faisceau ferroviaire qui structure les relations entre Orient et Occident. Londres, Ostende, Berlin, Prague, Athènes ou Varsovie sont mises en relation avec Paris et Constantinople. Une invitation au voyage que la Compagnie promeut à travers différents supports de communication : revues, magazines et affiches au graphisme tout en couleur.
Photographie ci-contre : Affiche publicitaire du train Simplon-Orient-Express par l’illustrateur Jérôme Touchet (1930).
3. Dans l’œil du magazine Life
En juin 1950, le photographe américain Jack Birns et le journaliste Roy Rowan voyagent à bord du Simplon-Orient-Express pour le magazine américain Life. Entre Londres et Istanbul, ils dressent le portrait d’un train fatigué dont le luxe n’est plus la principale caractéristique. Au fil des pays traversés, le photographe observe les paysages et les arrêts en gare, les passagers et le personnel de bord. Des portraits de personnages rencontrés au quotidien se dessinent à l’instar du conducteur Alfredo Piccinini. Figures emblématiques de la compagnie, les conducteurs ne conduisent pas les trains mais ont à leur charge l’ensemble des passagers d’une voiture-lits.
Photographie ci-contre : À bord du Simplon-Orient-Express, une photographie réalisée pour le magazine Life, 1950.
4. Les charmes de l’Orient
Avec la création du train Taurus-Express en 1930, un nouveau chapitre s’ouvre dans les relations entre Orient et Occident. Au départ d’Istanbul, le nouvel express rejoint la ville d’Alep (Syrie) où il se sépare en deux branches : une première en direction de Bagdad, une seconde en direction du Caire. Certains tronçons n’étant pas desservis par des lignes ferroviaires, des services automobiles sont ajoutés. Pour les puissances européennes coloniales d’alors, la desserte du Moyen-Orient représente un enjeu stratégique majeur. La liaison Londres-Paris-Le Caire est effectuée en 7 jours. Bagdad est relié en 8.
Photographie ci-dessous : Passagers à bord du train Taurus-Express à destination de Bagdad, 1969.
5. Les ateliers de l’ombre
La construction des voitures et leur entretien mobilisent les savoir-faire et compétences de nombreux ateliers répartis dans le monde entier. Rouages essentiels, ils garantissent l’extrême qualité des services proposés aux voyageurs qui, souvent, ne soupçonnent pas leur existence. Dans les années 20, la compagnie compte 16 ateliers où travaille une main d’œuvre divisée en corps de métiers relevant autant de l’industrie que de l’artisanat. Au choix : tapissiers, chaudronniers, marqueteurs, vernisseurs, ébénistes, électriciens, étameurs ou encore ajusteurs…
Photographie ci-contre: Au cœur des nouveaux ateliers de la CIWL en construction à Saint-Denis (France), par l’architecte C. Raquin, Albert Chevognon – novembre 1908 – avril 1909.
6. Culture Pub
Au travers de nombreuses publicités, la Compagnie Internationale des Wagons-Lits communique sur l’expérience exceptionnelle que procure un voyage à bord de l’un de ses trains. Avec elle, il est désormais possible de voyager et de dormir aussi bien que dans son propre lit, de goûter à une cuisine raffinée, de se refaire une beauté quand on veut, de prendre un verre de Sherry en regardant passer le paysage…
Photographie ci-contre: Mannequins posant à bord d’une voiture-salon Pullman aux décors signés René Lalique, vers 1970
7. Au lit avec l'Orient-Express
Pariant sur le confort de ses voitures-lits, à l’intérieur desquelles « voyager de nuit se transforme en plaisir », la Compagnie Internationale des Wagons-Lits communique à travers des campagnes publicitaires sur ses nouveaux services à bord. Après la sortie en 1929 des voitures luxe « Lx » (pour luxe), ornées de boiseries exotiques et de marqueteries d’étain ou d’ivoire, la compagnie lance en 1954 des voitures-lits de type « P » (pour Albert Pillepich, concepteur et ingénieur en chef des services techniques) entièrement réalisées en inox.
Photographie ci-contre: Photographie publicitaire pour la promotion des nouvelles voitures-lits « P » de la CIWL, 1959.
8. Dans de beaux draps
A l’origine externalisé, le blanchissage du linge des voitures-lits est rapidement intégré dans les activités de la compagnie. La qualité du linge représente un enjeu stratégique : il se doit d’être irréprochable. Dès 1883, une blanchisserie est ouverte à Saint-Ouen, suivront Ostende, Vienne ou Milan. Si la fin du XIXème et la première moitié du XXème sont marquées par l’omniprésence des femmes dans les blanchisseries, les années 50 voient l’embauche d’ouvriers immigrés assignés aux tâches les plus pénibles.
Photographie ci-contre: Image rare, le travail des blanchisseuses à la blanchisserie de la CIWL, à Saint-Ouen. Service de presse de la CIWL, 1958.
9. À boire et à manger
Avec l’arrivée des premières voitures-restaurants dans les années 1880, la CWIL souhaite incarner l’art de vivre à la française, en mettant à l’honneur gastronomie et arts de la table. Les menus à bord varient selon les pays. Dans le train reliant Le Caire à Alexandrie, les voyageurs peuvent choisir au déjeuner un cœur d’artichaut à la crème ou quelques bouchées à la reine (déclinaison Montglas), des côtelettes d’agneau, un tournedos, un gâteau à la chantilly ou un grand dessert… La vaisselle comme l’argenterie dessinée par le bureau d’études de la compagnie est d’une beauté inouïe, et issus de commandes auprès de prestigieuses maisons : Haviland, Lalique, Christofle…
Photographie ci-contre: Service à bord d’une voiture-restaurant de la CIWL, vers 1930.
10. Au cœur des brigades
Considérant ses brigades comme de vraies publicités vivantes et comme les ambassadeurs d’une compagnie qui promet à ses voyageurs l’expérience d’un voyage singulier, l’entreprise impose à ses conducteurs, cuisiniers, maîtres d’hôtel, receveurs une attitude irréprochable, aussi bien dans les services qu’ils offrent aux clients que dans leur tenue au travers de leurs uniformes. Des règlements quasi militaires détaillent les tâches et missions de chaque catégorie de personnel. Internationale, la Compagnie emploie de nombreuses nationalités et exige en plus l’apprentissage de plusieurs langues.
Photographie ci-dessous: Personnel d’une voiture-restaurant et passagers à bord du train de luxe Transmandchourien, 1923.