Fiona Leahy : « Je crois en l’art du voyage et au plaisir puissant du trajet »

juillet 2021

Dream / Fantasize

La créatrice anglaise, reine de l’art de la table et des arts décoratifs, organisatrice de dîners fabuleux, de soirées d’élégance, et représentante aguerrie du « matchimalisme » – ou l’art d’accorder avec ravissement tous les décors – aime les voyages. Entre souvenirs, cartes postales et objets qui comptent, Fiona Leahy livre aussi sa vision d’un art de la table fantasmé à bord de l’Orient-Express.

 

Par Alexis Chenu.

High Life : Que détestez-vous le plus en voyage ?

 

Fiona Leahy : Défaire sa valise et la refaire. Je ne suis pas la meilleure dans ce registre. Si quelqu’un souhaite me donner un cours sur le sujet, je suis preneuse. Faire sa valise est un art sous-estimé.

 

HL : Un son du voyage que vous aimez retrouver ?

 

Fiona Leahy : Le sifflet du train. Je n’oublierai jamais celui de l’Orient-Express à son arrivée à Venise. Un son si romantique qu’il me fit verser une larme.

 

HL : Plutôt train qu’avion ?

 

Fiona Leahy : Train, sans hésiter. Voir défiler le paysage me fascine. Tout comme l’esthétique des intérieurs, la facilité de se déplacer à bord, le confort à bord.

 

HL : Bavarde en voyage ?

 

Fiona Leahy : Tout dépend de la situation. Lors d’un voyage au Pérou, je me rappelle avoir réalisé être en train de lire le même roman qu’une autre passagère. Le voyage s’est littéralement transformé en club littéraire. Mais en général, je suis timide, et vis les choses pour moi-même.

 

HL : Votre meilleur(e) compagnon de voyage ?

 

Fiona Leahy : Mon amie, Dita von Teese. J’ai notamment voyagé avec elle à bord de l’Orient-Express menant à Venise, ainsi qu’au Mexique, en Thaïlande, en Italie et à Ibiza. Trouver un bon compagnon de voyage n’est jamais chose aisée. Vous devez partager le même sens de l’humour, surtout lorsque vous devez vous rendre à un mariage, que vous ratez votre avion et que le suivant est annulé… Une histoire vraie !

HL : Si vous aviez à composer le wagon de l’impossible, quels personnages – morts ou vivants – inviteriez-vous à bord ?

 

Fiona Leahy : Je choisirai les humoristes Chelsea Handler et Larry David, et ferai revenir Oscar Wilde et l’actrice des années 20, Mae West.

 

HL : Et que vous raconteriez-vous ?

 

Fiona Leahy : Mon Dieu, je ne sais pas ! Je crois que les meilleures conversations sont celles auxquelles on ne s’attend pas. L’humour noir et les éclats de rire seraient probablement au rendez-vous. Nous éviterions aussi les sujets politiques qui peuvent fâcher.

 

HL  : Quel genre de table dresseriez-vous pour l’occasion ?

 

Fiona Leahy : Je dessinerai sur-mesure les serviettes pour chacun des invités, en posant leurs initiales sur chacune. J’imaginerai un menu en aquarelle et un set de table représentant la carte géographique de notre destination. Je conserverai les petites lampes à plis roses typiques de l’Orient-Express et ajouterai sans doute quelques bougies.

 

HL : Quel objet ne vous quitte jamais en voyage ?

 

Fiona Leahy : Mon téléphone est toujours collé à moi. Mais je sais aussi partir en cure digitale détox et me réveiller au lever du soleil, sans alarme ni dépendance aux technologies.

 

HL : Dormir dans un train : déjà fait ?

 

Fiona Leahy : Oui, dans l’Orient-Express. Une expérience ultra relaxante qui m’a mis dans une vraie transe !

HL : Quels souvenirs gardez-vous de vos voyages ?

 

Fiona Leahy : Je conserve des souvenirs éphémères, je garde quelques menus, des additions ou des cartes de visite. Et je les réunis tous dans un carnet de notes Smythson, associés à quelques Polaroïds, à des prises de notes et même parfois des recettes. Retrouver ces carnets me procure une joie immense. Il n’y a rien de mieux au monde que de regarder un menu taché de vin originaire de Positano.

 

HL : La chanson que vous écoutez en voyage ?

 

Fiona Leahy : “Hotel California” du groupe Eagles. Le genre de chanson qui vous transporte sur les routes du voyage en un quart de seconde.

 

HL : Nous sommes en 2869, comment imaginez-vous le monde voyager ?

 

Fiona Leahy : Les voyages dans l’espace devraient être pléthores mais j’aime les traditions et espère que la course vers le futur descendra d’un niveau. Je crois en l’art du voyage, au plaisir puissant du trajet comme à celui de la destination. J’ose espérer que le voyage du futur sera plus confortable et plus joyeux.

 

HL : Votre dernier voyage ressemblera à… ?

 

Fiona Leahy : Un voyage qui pourrait prendre un an, voire deux, et qui se ferait en première classe, avec une carte bleue bien remplie. Un voyage continue qui commencerait au Japon à l’époque des cerisiers en fleurs, passerait par Venise, un vignoble d’Afrique du Sud, et se terminerait au Mexique.

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